Depuis des années, le peintre tournaisien marche
le long des rivières, des canaux et de la mer du côté
de la côte d’Opale. Et regarde jusqu’à engloutir
le grand paysage partagé entre le poids du ciel lourd
de nuages et les reflets aux surfaces des eaux lisses
ou tourmentées. A Wissant où il passe de longs
moments, il fixe l’horizon qui ne dit pas la fin
d’un monde mais la limite de sa propre vision.
Peut-être même de sa propre finitude.
Parfois, une lumière presque aveuglante perce
la blancheur de l’air que les vagues accueillent
à la manière d’un miroir. L’infini se mire et le peintre
sait que ce moment fait écho à son inquiétude.
Alors, de retour dans l’atelier, parfois bien plus tard,
Winance fixe la toile grenue, épaisse mais blanche
debout, là, fixée sur le chevalet. Et comme dans
un rêve, il peint non pas la mémoire d’un moment
ou d’un lieu mais une composition, barrée en son milieu
par une barre infranchissable, l’horizon. Sans anecdote.
Sans héros. Un paysage nu dont les teintes, embuées
par le sel, sont en final un énième autoportrait.
Guy Gilsoul 2014
IMMANENCE
Regarder
Fermer les yeux.
Et regarder encore…
Laisser monter la rumeur des vagues et du vent,
L’odeur des souvenirs et les parfums du temps.
Percevoir l’immense au coeur de l’ineffable,
L’éternel éphémère qu’on grave dans le sable.
Redevenir page blanche,tachée d’ombres d’hier
D’aubes à venir et d’esquisses en jachère.
Franchir le territoire des mots,Et faire un pas encore,
Dans la magie du beau,
Qui unit,
Entremêle,
Et marie,Et la vie et la mort,
Et le jour et la nuit,
Et la mer et le ciel,
Le vide et la matière,
L’obscur et la lumière…
Et découvrir enfin,
Qu’on détenait tout cela
Dans le creux de nos mains,
Depuis toujours,et même au-delà…
Jean -Luc Delmoitier 2014.